dimanche 1 décembre 2013

Nous avons écouté le nouvel album de Bertrand Cantat / leparisien.fr

Nous avons écouté le nouvel album de Bertrand Cantat
Source : http://www.leparisien.fr
 
Eric Bureau | Publié le 05.11.2013, 19h44 | Mise à jour : 06.11.2013, 00h07
 
 
 
     
Le nouvel album de Bertrand Cantat sort le 18 novembre. Nous avons pu l'écouter en avant-première.

«L’enfer est mien autant que le soleil». Dans sa première chanson dévoilée il y a un mois, Bertrand Cantat résume ce qui attend son nouvel album, en vente le 18 novembre. Même sous un nouveau nom et en duo avec le musicien Pascal Humbert, impossible d'aborder Detroit comme n’importe quelle nouveauté, de ne pas analyser son titre «Horizons», sa pochette dévoilant un chemin accidenté et aride sous un ciel menaçant, de ne pas décrypter le moindre mot, la moindre intonation.
 
C’est peu dire que le vrai retour de Bertrand Cantat à la musique suscite de la curiosité. Mais si l’on écoute son album pour ce qu’il est, 45 minutes finalement assez proches du dernier album de son ancien groupe Noir Désir, «Des visages, des figures», il y a aussi du soulagement à entendre ce chanteur majeur retrouver sa voix et sa voie. Car «Horizons» est un disque dense, cohérent, vibrant. Ses douze titres, dont deux instrumentaux et une reprise habitée de «Avec le temps» de Léo Ferré, laissent dès la première écoute une forte impression.
Sombre mais pas plombant. Comme sa pochette, la musique de Detroit laisse souvent passer la lumière. Les deux premiers extraits dévoilés, «Droit dans le soleil» et «Null and void», donnent une bonne idée du spectre couvert par l’album, du folk décharné du premier avec guitare acoustique et contrebasse, au rock franc du collier du second l’un des deux titres en anglais. Dans «Sa majesté», Detroit surprend avec des choeurs féminins soul, presque gospel, sur le refrain. Mais l’orage peut gronder, comme sur la complainte «Terre brûlante». Et le tonnerre éclater dans le final d’ «Horizon», une explosion d’épaisses guitares barbelées, et «Le creux de ta main», autre réussite qui rappelle «Un homme pressé» de Noir Désir.
Une chanson pour elle, une pour lui. Bertrand Cantat a longuement parlé aux «Inrockuptibles» il y a deux semaines. Mais selon son label, il ne donnera pas d’interview pour la sortie de son album. Peut-être parce qu’il dit tout ce qu’il a à dire d’intime dans deux chansons. A travers «Ange de désolation», difficile de ne pas entendre sur une douce mélodie une lettre d’amour à Marie Trintignant. «Te souviens tu des splendeurs nocturnes et des rires fous ? Et des éclats de vie rien qu’à nous. Dors mon ange de désolation, rien ne pourra jamais nous enlever nos frissons». Dans «Horizon», il évoque son incarcération et ses envies de suicide. «Qui de ma tête ou de mon coeur va imploser comme une étoile ? Quel débris ou quel morceau de moi d’abord te rejoindra?», crie-t-il, lui qui se sent «éradiqué du monde, évincé de la terre».
L’espoir malgré tout. On retrouve dans la plupart des textes - qu’il a tous écrits ou co-écrits- le mélange de poésie et de colère qui faisait déjà la marque de Noir Désir. Colère contre le(s) pouvoir(s) dans «Sa majesté», dont le «Your majesty, no future for you and me»  fait penser au «Anarchy in the UK» des Sex Pistols. Contre les médias, surtout. Dans «Ange de désolation», il fait rimer «dans leurs paniers à ordures, il y aura 510 versions» avec «coeur en dissection»  et dans «Horizon», il fustige les «doigts pointés» sur lui et «dehors, le spectacle abject continue». Bertrand Cantat ne cache pas ses tourments et ses douleurs. Mais au final, c’est l’espoir qui surnage de ces «horizons». «Je prends ce que tu donneras, maintenant je sais que tu es là?», chante-t-il dans «Ma muse». Bertrand Cantat l’a retrouvée cette muse, la musique. Et nous un grand chanteur.
 

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